Le seuil anaérobie

Avant de parler de ce seuil tant évoqué dans les écrits sur l’entraînement, il est nécessaire de donner quelques explications rudimentaires sur le fonctionnement de notre organisme lors de la production d’un effort.

Un muscle a besoin de carburant(sucre, graisse) et de comburant (oxygène) pour produire des contractions.

A partir d’une intensité d’effort importante, l’organisme manque d’oxygène pour produire cette force mécanique. Pour maintenir l’intensité de l’effort, il sollicite une autre filière productrice de force et donc de mouvement : la filière anaérobie. La combustion des sucres avec déficit d’oxygène entraîne une production de déchets.

Le principal « déchet » est l’acide lactique.

Néanmoins, l’organisme sait partiellement brûler cette substance en le retransformant d’abord en carburant.

Le seuil anaérobie est tout simplement la limite théorique au-delà de laquelle l’organisme n’est plus capable d’équilibrer le taux d’acide lactique présent à l’intérieur de notre corps.

Afin de mieux comprendre ces informations, il est utile de rappeler les divers moyens qu’utilise notre corps pour produire de l’énergie mécanique.

– Anaérobie alactique : utilisation directe du carburant (A.T.P.) stocké au niveau du muscle. Exercice de très forte intensité : temps inférieur à 10 secondes. Sprint, haltérophilie. Pas de création d’acide lactique.

– Anaérobie lactique : utilisation du glycogène comme carburant mais pas d’oxygène comme comburant. Création d’acide lactique et accumulation dans l’organisme de celui-ci. Exercice de moyenne intensité : temps de 15 secondes à 3 minutes. Sprint long 200 à demi-fond.

– Aérobie : utilisation du glycogène et des graisses avec de l’oxygène pour la production d’énergie. Pas d’acide lactique. Exercice de faible intensité : temps de 3 minutes à plusieurs heures. Footing.

Nous rappelons tout de même que le corps est également capable de brûler les protéines afin de produire de l’énergie mais ceci n’intervient que de façon très minime pour la pratique de la course à pied.

Tout n’est pas aussi cartésien que ces trois définitions le laissent entendre. L’organisme effectue en fait un panachage de l’utilisation de ces sources de production d’énergie en fonction de l’intensité de l’effort.

Alors, que devient le travail au seuil anaérobie ?

Le travail dans la zone anaérobie avait pour but de forcer l’organisme à mettre en oeuvre les mécanismes de recyclage de l’acide lactique et d’utiliser au maximum le potentiel aérobie de façon à obliger notre corps à optimiser le potentiel aérobie, c’est-à-dire produire moins de déchet pour le même effort. A présent, il suffit de travailler à des pourcentage de la VMA (voir article) pour rechercher les mêmes effets. D’où nécessité d’évaluer cette VMA et non plus ce fameux seuil.

Sachant que l’on peut progresser en travaillant sur des pourcentages d’intensité de la VMA, il est bien plus facile, fiable et donc juste de laisser de côté ce travail au seuil et de le remplacer par des exercices de « résistance spécifique » ou dit à « vitesses spécifiques ».

Petite précision pour les puristes, un test de terrain avait été élaboré pour déterminer ce fameux seuil, il sagit du test de Conconi. Celui ci permet théoriquement de desseller  un point d’inflexion en traçant sur un graphique la relation Vitesse/frequence cardiaque. Mais en réalité, il est bien difficile de d’y desseler ce fameux point d’inflexion correspondant a ce fameux seuil.

Jean-Pierre Monciaux
Jean-Pierre MonciauxJean-Pierre a été membre de l'équipe de France de semi-marathon (1h02) et marathon (2h12). Entraîneur, il transmet sa passion à tous les coureurs, débutant à Elite !
Laurent Colas
Laurent ColasPassionné de sport et d'informatique, Laurent aime transmettre son expérience de coureur et d'entraineur, en particulier à tout ce qui touche à la physiologie. Fondateur du site en espagnol manolo-running-coach.com